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La page d'Audrey - Agathe - Laure

Les Malheurs de Sophie

L’ enfance…un thème qui a déjà inspiré beaucoup d’ artistes, en particulier les écrivains, tels que la Comtesse de Ségur, avec Les Malheurs de Sophie. C’ est ce récit qui a inspiré José Manuel Cano Lopez pour mettre en scène une comédie théâtrale et musicale du même nom…Trois ans après sa création, la pièce garde les mêmes acclamations du public, voyons donc ce qui fait le succès de cette pièce !
Nous verrons d’ abord comment cette pièce nous entraîne dans le monde de La Comtesse de Ségur, ensuite nous étudierons l’ image de l’ enfance dégagée par la pièce, puis nous finirons par le sujet de la pièce : l’ enfance…

 Tout d’ abord, Les Malheurs de Sophie est une pièce qui nous plonge dans l’ univers de la Comtesse de Ségur. On peut le voir d’ abord par le décor, constitué de cadres sculptés, en or, exposant des tableaux de famille, pouvant faire penser à ceux de La Comtesse de Ségur.
Egalement, les personnages évoluent dans de véritables costumes de poupées     
( très présentes dans la pièce ) du XVIIIème siècle, donc de l’époque de La Comtesse
L’ or des cadres et des chandeliers,  les costumes, également le nom des personnages, tel que « Sophie de Réan », évoquent clairement la noblesse de la famille de La Comtesse, ainsi que la vie de château qu’ elle a pu mener dès son enfance.
N’ oublions pas également « Sophaletta », répété de nombreuses fois au fil de la pièce, qui est le surnom que donnait Théodore de Rostopchine à sa fille, Sophie de Rostopchine, devenue plus tard La Comtesse de Ségur. De ses parents, La Comtesse a reçu une éducation fortement basée sur la religion…
La religion est également un élément nous entraînant dans le monde de La Comtesse…D’ abord, la pièce commence par le baptême de la poupée de Sophie, respectant le déroulement traditionnel de la cérémonie : les enfants font les signes de croix, ils crachent, tout ça avec l’ air si solennel…
De la même manière, on retrouve à la fin de la pièce l’ enterrement de la poupée, ou de sa majeure partie…La pièce n’ introduit pas seulement les textes des Malheurs des Sophie : de temps en temps, nos quatre acteurs glissent des remèdes venant de La santé des enfants, de La Comtesse également : il faut bien réparer les bêtises de Sophie…
La pièce reconstitue donc précisément l’ univers de La Comtesse de Ségur, par ses textes tirés de différentes œuvres de La Comtesse, par l’ aspect religieux ressenti dans les jeux de Sophie, également par des aspects plus personnels de La Comtesse, tels que son surnom, ainsi que par le décor, reflétant la richesse qu’ elle a pu connaître. Un monde où semblent grandir des caractères assez complexes…
Etudions donc l’ image des enfants que nous offre cette pièce…
Les Malheurs de Sophie dégage une image de l’ enfance assez complexe…elle a différents visages, c’ est pourquoi nous avons quatre comédiens sur scène, représentant toute la diversité du personnage de Sophie. Mais ils nous laissent l’ imaginer plutôt que nous la montrer…
L’ enfance a ici une double image : Sophie fait un « drôle de rêve » qui la fait hésiter…Quel est le choix à prendre? « Chemin du Mal »…« Chemin du Bien »…   « Entre les deux, combat sans trêve »…
D’ abord, l’ enfance est innocente :  par leur naïveté, les enfants, découvrant le monde, ont pour habitude de juger tout ce qui les entoure " beau", « mignon », « joli », des mots que l’ on retrouve souvent dans le discours de Sophie, qui pense ne rien faire de mal …
En effet, à aucun moment Sophie ne se rend compte de son comportement cruel et malsain, puisque pour elle tous ses actes font partie d’ un jeu. Pourtant, à chaque bêtise, Sophie hésite, mais elle ne peut pas résister, alors « Sophie demandera pardon », parce que « Sophie ne pouvait pas savoir »… On retrouve ainsi l’ influence de la religion, avec ici le Bien, ce qui prouve que Sophie doit être bonne au fond.

Et n’ oublions pas que Sophie n’ est qu’ une petite fille de quatre ans, elle a une « bonne grosse figure bien fraîche, bien gaie », de « beaux yeux gris », un « nez en l’ air et un peu gros », et des «  cheveux blonds coupés courts comme un garçon, pas frisés »…
Mais l’ or des cadres, mis en valeur par les jeux de lumière, sur une scène plongée dans l’ obscurité, fait apparaître les visages des acteurs sous un nouveau jour, qu’ il ne faut pas négliger…En effet, la lumière des bougies nous révèle des créatures de la nuit, paraissant sans pitié…
Sophie est une petite fille très turbulente, et bagarreuse, c’ est pourquoi on peut remarquer que les costumes de nos quatre acteurs ne sont pas entiers…Ainsi, on peut voir qu’ Alain n’ a qu’ une manche, et que Pascal a perdu une partie de sa belle jupe…Mais ses vêtements ne sont malheureusement pas ses principales victimes…
Sophie a un vocabulaire cru, qui correspond tout à fait à son comportement…En effet, Sophie est d’ un sadisme incroyable envers les animaux : comme cette abeille à laquelle elle coupe la tête, ou cette malheureuse tortue qu’ elle noie, ou encore ces pauvres poissons qu’ elle a la « riche idée » de « trucider », « liquider », « évider »…Sophie tue ces animaux sans raison apparente, seulement pour le plaisir que cela lui procure…mais elle ne s’ en prend pas qu’ aux animaux…
Cette poupée de cire que Sophie aimait tant aura souffert… Après être aveugle, Sophie la rend chauve, lui casse un bras, lui fait fondre les pieds, et casse sa tête en cent morceaux…Après tous ces malheurs, Sophie n’ aime plus sa poupée, c’ est pourquoi elle décide d ‘ enterrer ses restes… « Poupée, poupée, ce que tu as dégusté »…
La poupée de cire, et les animaux sont donc les principales victimes du petit diable Sophie se cachant sous un visage d’ ange, qui voit un monde merveilleux autour d’ elle… La pièce nous montre donc une enfance à double jeu, que tout le monde connaît…
Pour finir, on peut dire que Les Malheurs de Sophie est une pièce nostalgique : l’ enterrement de la poupée en morceaux, fait revenir en nous des bouts de souvenirs, tout comme un puzzle, que l’ on peut reconstituer grâce aux textes, aux chansons, aux costumes, au décor…
Cette pièce parle d’ abord de José Manuel Cano Lopez, son metteur en scène : en effet, le dernier « tableau » de la pièce est composé de quatre portraits, dont un vivant, de Françoise Cano Lopez, la femme du metteur en scène. Ce portrait avait été réalisé par Guy Thomas, le père de Françoise, quand elle était petite. On peut voir ainsi l’ implication de José, qui semble s’ identifier à Sophie. Peut- être se retrouve-t-il dans l’ enfance de Sophie…
Mais cette pièce parle également de nous tous qui passons inévitablement par l’ enfance : d’ abord par les chansons…N’ oublions pas que Les Malheurs de Sophie est une comédie théâtrale et musicale : ainsi on peut voir nos quatre comédiens pousser la chansonnette le temps de onze chansons, écrites par Jean-Louis Maître. Ces comptines ont pour but de nous toucher, puisque nous avons tous appris de nombreuses chansons pendant notre enfance. Elles nous permettent donc de nous identifier à Sophie, afin de nous toucher davantage.
N’ oublions pas le jeu des acteurs, qui ont su parfaitement retrouver les mimiques incontournables des enfants : les yeux grand ouverts voulant découvrir le monde, le corps se balançant d’ avant en arrière, et les mains remuant sans cesse, tripotant un bout de la robe à volants, et la parole chantante…
Les comédiens, ricanant, grimaçant, et chantant les comptines de notre enfance, nous replonge tous dans cette période de l’ enfance. Mais le metteur en scène, en impliquant sa famille dans le dernier tableau, de retrouve chez Sophie, un peu comme nous tous…
Les Malheurs de Sophie, en évoquant l’ enfance, touche un sujet qui nous ayant tous concernés. Ici l’ enfance a une double image  les petits monstres cachent bien leur jeu sous leurs visages d’ anges, innocents. La pièce nous entraîne donc dans le monde de La Comtesse, afin de mieux nous faire comprendre celui de Sophie…
Mais José Manuel Cano Lopez ne sera certainement pas le dernier artiste à aborder cette période de la vie…

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